Réhabilitation d'une ancienne maison paroissiale pour créer un lieu d'habitation et un cabinet libéral
 
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Ce bâtiment faisait partie d'une closerie, appelée Closerie de Villaumay, qui a été divisée, au 19ème siècle, en plusieurs lots. Deux maisons mitoyennes, formées par la division, sont achetées en 1876, par la famille Girard-Petit, pour y fonder un asile de jeunes filles (garderie et école de filles de moins de 6 ans). Le lieu devient, par la suite, asile et école libre, jusqu'en 1923. Puis, le lieu connaît plusieurs affectations, jusqu'en 1961. Faute d'entretien, il se dégrade progressivement, et est laissé à son sort, et fait même l'objet d'un arrêté de péril. Une prise de conscience s'opère, et il est rénové à partir de 1986, pour devenir, deux ans plus tard, maison paroissiale sous le vocable du Père Brottier. Elle accueille alors catéchisme, réunions, foyers de scouts, réunions de familles, etc. 

Fin  2016, elle est achetée par notre client, qui souhaite en faire son lieu d'habitation et son cabinet libéral. Celui-ci a notamment été séduit par la quiétude des lieux, le grand jardin comportant une petite source, le volume des pièces et l'entrée avec sa cheminée... 

Concernant le bâtiment, beaucoup de travaux sont à réaliser : la disposition des pièces ne correspond pas à celle d'un lieu d'habitation (sanitaires,...), pas plus que l'esthétique,(faux-plafonds, peintures, néons,...), les menuiseries sont en mauvais état, il y a des remontées d'humidité dans certains murs, accentuées par des revêtements inappropriés (ciment, plâtre,...) , etc.

Le budget travaux est très limité (60 000 €).
Côté jardin.
La source.
Pignon.
Côté rue.
Problématiques

- Comprendre l'histoire du bâtiment
- Agencer l'espace en fonction de l'existant, des besoins du clients, et des coûts à minimiser
- Identifier le potentiel, et tirer parti de l'existant
- Résorber les problémes d'humidité.

Description 

Le corps du bâtiment principal semble dater du 18ème siècle (2 menuiseries 18e s., garde-corps à volutes, manteau de cheminée style Louis XV), bien que les bases semblent plus anciennes (encadrement chanfreiné de la porte de la  cave, remaniement de la cave, pierres de remplois dans la maçonnerie). La tourelle d'escalier, ainsi que le bâtiment en appentis peuvent être contemporains au corps principal ou légèrement postérieurs (19e siècle).
 
Le pignon, donnant sur la rue, comportait, d'après les photographes datant d'avant la rénovation de 1986, une avancée de toiture, dans le style troubadour (mouvement artistique tendant à reconstituer une atmosphère idéalisée du Moyen-Âge et de la Renaissance). Elle a sans doute été réalisée au 19e siècle, époque de ce mouvement. Il est fort probable que les fenêtres à meneau, en bois, datent de cette même période (l'une d'elle est placée sous un conduit de cheminée, qui est antérieur).

Garde-corps à volutes.
Cheminée 18ème siècle.
Avancée de pignon (avant 1986).
On observe des menuiseries du 18e siècle et du 19e siècle, ainsi qu'un mélange de petits et de grands carreaux, sur ces fenêtres, et cela, de manière déconnectée de leur époque. L'une des fenêtres est particulièrement intéressante : elle comporte ses volets intérieurs, une grille en fer forgé à volutes, espagnolette, fiches à boules, et est relativement bien conservée, malgré quelques traces de pourritures localisées du bois.

Les façades ont été dénaturées par la mise en place, à différentes époques, de menuiseries inappropriées (portes en PVC, fenêtres bas de gamme sans petits bois), et un enduit aussi inapproprié, tant sur le plan esthétique, que sur le plan du fonctionnement hygrométrique des murs (enduit préfabriqué, sur ciment). L'intérieur a été complètement dénaturé. Il reste une cheminée du 18e siècle (repeinte) dans la pièce d'entrée et des moulures au plafond d'une autre pièce, qui étaient cachées par un faux-plafond.

Pièce principale.
Pièce principale
Autre pièce.
Sanitaires.
Moulures cachés par le faux-plafond.
Moulures cachés par le faux-plafond.
Projet 

Le projet a donc consisté à :
- réaménager ces espaces, afin d'adapter ce bâtiment aux nouvelles fonctions, tout en les valorisant,
- changer les menuiseries de ce bâtiment afin de lui redonner son cachet, tout en assurant une bonne performance énergétique, voulue par le client,
- traiter les problèmes d'humidité.



Aménagement


Pour des questions d'économie (budget restreint), il a été décidé de ne pas modifier de manière importante l'organisation intérieure du bâtiment. Ainsi :
- les pièces les plus importantes ont été consacrées aux pièces de vies, que le client voulait généreuses. 
- l'entrée, avec sa cheminée a été reconvertie en petit salon et bureau
- les deux pièces les plus petites ont été affectées aux chambres
- l'implantation et l'organisation des pièces d'eau (cuisine, salle de bains, wc), selon l'arrivée et l'évacuation des eaux existantes. Ainsi, les sanitaires ont été reconvertis en salle de bains / wc de l'habitation, et aux wc de l'espace professionnel. L'évier de la cuisine, situé dans la pièce principale, a été positionné près de l'arrivée et l'évacuation de l'ancienne cuisine, située dans la pièce voisine.
- un accès  est créé entre l'entrée et la salle de bain, à l'emplacement d'une ancienne porte murée ; le linteau, très bas, en pierre de taille, est surélevé.

Le lieu professionnel, a été implanté dans une grande pièce, avec accès quasi direct depuis la rue, sans vue sur le jardin privatif.

Image de synthèse.
Image de synthèse.
Image de synthèse.
Salle de bains.
Salle de bains.
Plan salle de bain privative et wc patients.
Traitement des surfaces

Systématiquement, en amont, des sondages ont été réalisés dans les murs afin de connaître la composition des enduits, l'état des murs, et de comprendre leur réaction à l'humidité.

Les murs Nord et Est (qui ne comportaient pas de présence d'humidité) ont été isolés avec des panneaux mixtes chanvre + laine de mouton et ces murs ont été doublés avec des panneaux gypse/cellulose de type fermacell. Ces matériaux ont été choisis pour leur capacité à laisser les murs anciens respirer, ainsi que leur stabilité dans le temps, surtout à l'humidité.

Les murs comportant d'importantes traces d'humidité ont été piquetés afin de retirer les revêtements inappropriés (plâtre et/ou ciment + doublage en partie basse pour 3 murs). Le doublage en placoplâtre installé dans une des pièces a été retiré.
Cela a été fait dès le début du chantier, afin d'évacuer le plus rapidement possible, l'humidité accumulé depuis des décennies.
Un enduit sable de Loire et chaux a été appliqué. L'un des murs, que le client souhaitait blanc sera recouvert d'un badigeon au lait de chaux une fois que le mur sera sec (d'ici plusieurs années).

A l'extérieur, le budget ne permettait pas, dans l'immédiat, un ravalement des façades, pourtant nécessaire (enduit de type industriel inapproprié et déjà altéré). Cependant, le projet prévoit le type de travaux à réaliser dans le moyen / long terme, avec piquetage et pose d'un enduit à la chaux et au sable grossier de Loire, et remplacement de certaines pierres.

La pose de drains à l'extérieur, en pied de mur a également été prévu.

Sondage.
Mise en évidence de 2 couches de plâtre et d'un enduit à la chaux. Dessous, la pierre est gorgée d'eau..
Pierre de taille (gorgée d'eau) sous enduit au plâtre.
Isolation chanvre / laine de mouton.
Mur de la salle de bains après piquetage..
Nouvel enduit, et encadement de porte moulurée conservée.
Porte mise à jour.
Piquetage du mur de la pièce principale.
Enduit en cours (celui-ci sera recouvert de lait de chaux).
Pour des questions de moyens, la cheminée, recouverte de peinture crème et bleue, n'a pas été restaurée. Des sondages ont mis en évidence un manteau en marbre noir et des traces de peinture marron sur la partie haute (hotte). Le tout a été recouvert de peinture blanche, dans l'attente d'une restauration future, qui ne doit pas être réalisée à l'économie..


Sondage côté de la cheminée.
Sondages moulures.
Cheminée, avant pose du revêtement de sol.
Menuiseries

Le changement des menuiseries avait pour but de redonner, à ce bâtiment, son cachet, tout en assurant une bonne performance énergétique, voulue par le client.
Le choix s'est porté, bien évidemment, sur des menuiseries en bois (chêne), avec des petits bois. 

Nous avons décidé de partir des éléments existants pour redonner au bâtiment son esprit d’origine. L’alternance entre grands et petits carreaux, qui existe donc depuis plusieurs siècles, et qui anime les façades, a été conservé.

Le budget étant limité, il a été choisi de changer uniquement certaines menuiseries :
- menuiseries de la façade Nord, comportant des simples vitrages, avec des fenêtres très abimées (menuiserie 18e voilée, fenêtres datant de la rénovation de 1986 de faible qualité)
- menuiseries de la façade Ouest (fenêtre 1986 à simple vitrage)
- une menuiserie de la pièce principale, en PVC dont l'ouverture devait être rétablie dans ses dimensions d'origine.

Les autres menuiseries en PVC, dénaturant le bâtiment, mais en relativement bon état n'ont pas été remplacées dans l'immédiat (pour des raisons de budget), mais leur remplacement est prévu, et, à ce titre, le projet s'inscrit dans une vision à long terme.

La fenêtre du 18e siècle, située plein Sud et en relativement bon état a été conservée.
Quand le budget le permettra, elle sera décapée,  les éléments abimés en surface seront traités, et elle sera repeinte. Des joints seront disposés (rainures) pour traiter un manque d'échanchéité à l'air. 


Couleur :  

La couleur qui a été choisie est la couleur : bleu-gris (RAL 5014), pour les raisons suivantes :
- il apparaissait nécessaire de donner une certaine présence visuelle aux menuiseries, afin de mettre en valeur ce bâtiment, tout en restant discret ;
- cela permet de former un contraste de couleurs complémentaires, avec l’enduit, les briques et les tuiles ;
- l’effet petit et grand carreaux est atténué car la couleur est proche de la couleur noire-gris bleuté que prennent les vitres avec des reflets ; 
- c’était une des couleurs qui était très utilisée au 18e siècle.

Par ailleurs, par la suite, des sondages dans une des menuiseries du 18e siècle (fenêtre O1), ont révélé cette couleur (plus exactement, sous la couche contemporaine, il y a une couche ocrée, puis une couche de peinture bleu-gris, qui correspond à la couleur la plus ancienne)
Sondage fenêtre 18e siècle, avec mise en évidence d'anciennes peintures.
Rétablissement d'une ouverture dans ses dimensions d'origine.
La même ouverture avant travaux.
Image de synthèse. La baie centrale a été rétablie dans ses dimentions intiales. Bien que les deux autres baies ne sont pas de mêmes dimensions, celle-ci sont d'origine. La fenêtre de gauche est celle qui comporte des menuiseries et un garde-corps du 18e siècle. 
Image de synthèse.
Plans des façades, état existant et état projeté, pour la déclaration préalable de travaux.
 © 2020 - oxygene / Nicolas Viault